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Route de la soie : les conteneurs des méga-cargos menacent les Alpes

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Les nouvelles constructions et les agrandissements des ports du nord de l’Italie engendrent une forte croissance du trafic sud-nord par les Alpes. Grâce aux nouveaux tunnels et au corridor 4 mètres, la Suisse aura certes bientôt une ligne de base continue. Celle-ci ne suffira cependant pas à protéger l’homme et l’environnement.

tob. Selon les mots de l’expert en transport Kurt Metz : « Un changement de paradigme a lieu dans le trafic transalpin. Les transports venant du sud vers le nord augmenteront. » Pourquoi ? Actuellement, les ports italiens sont agrandis et modernisés afin d’y accueillir également les plus grands cargos du monde et leurs cargaisons. La Chine, l’un des investisseurs les plus importants, s’est fixé pour objectif d’augmenter encore les exportations vers l’Europe. Nous le remarquerons au cours des prochaines années, non seulement dans nos magasins mais également sur les axes de transit par les Alpes.

Depuis des mois, les médias parlent de la nouvelle route de la soie, faisant allusion aux anciennes routes commerciales reliant la Chine à l’Europe en passant par l’Asie centrale. La notion « route de la soie » a une consonnance agréable dissimulant les intérêts qui se cachent derrière le projet : la Chine veut mettre en place un gigantesque système commercial qui englobera le monde entier, tandis que l’Europe espère en contrepartie pouvoir exporter encore plus de marchandises vers l’Extrême-Orient.

La carte montre les voies commerciales terrestres et maritimes de la nouvelle « route de la soie ». Graphique : grillenzirp

Par la mer puis à travers les Alpes

Pour des raisons évidentes mais qui peuvent néanmoins surprendre, l’évolution sur les voies maritimes de la Méditerranée et de l’Adriatique en particulier, est décisive pour les Alpes :

  • parmi les marchandises déchargées dans les ports du nord de l’Italie, beaucoup sont destinées aux marchés de l’est de la France, du sud de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse. Elles sont donc acheminées à travers les Alpes pour satisfaire moins de huit heures plus tard 75 millions de consommateurs.
  • Les ports de la Ligurie et du nord de l’Adriatique sont plus rapides à accoster depuis l’Extrême-Orient que ceux d’Anvers, de Rotterdam et de Hambourg. D’où le changement de paradigme : pour des raisons logistiques et économiques, les importantes zones économiques d’Europe centrale devraient être à l’avenir davantage approvisionnées par le sud via les Alpes et moins par les ports de la mer du Nord. Les importations et les exportations par les ports italiens permettent d’économiser plus de 4500 km de voies maritimes et jusqu’à dix jours par rapport à celles qui passent par Gibraltar et les ports d’Europe de l’Ouest et du Nord.
  • Le volume qui arrivera chez nous par voie maritime est énorme. Un gigantesque cargo venant de Guangzhou en Chine par exemple pour accoster à Vado Gateway près de Savone peut transporter jusqu’à 20  000 cconteneurs, donc la capacité en conteneurs de 20 pieds (EVP) de 300 trains ou 10  000 camions. C’est pour accueillir de tels monstres que les ports et les installations de transbordement des mers liguriennes et adriatiques sont agrandis.
Représentation schématique du flux de marchandises par voie ferroviaire du sud vers le nord.

Evolution déplorable

Le 12 décembre 2019 sera inauguré le port largement automatisé de Vado Gateway à l’ouest de Gênes, d’une capacité de 1,1 million d’EVP et déjà considéré en Italie comme étant le terminal à conteneurs le plus moderne techniquement. Avec son quai de 700 m de long, ce port en eau profonde est parfait pour accueillir les plus grands cargos du monde. Tout ce qui sera déchargé là-bas est notamment destiné à l’Europe centrale et devra donc traverser les Alpes. Vado Gateway n’est cependant qu’un exemple parmi d’autres : la Chine investit également dans le port de Trieste ; celui de Gênes est modernisé et agrandi et celui de La Spezia se développe.

Une pièce supplémentaire dans le puzzle des nouvelles voies commerciales avec la Chine : le port en eau profonde Vado Gateway près de Savone (ici en construction). Il sera inauguré en décembre. Photo: AMP-Terminals / Flickr

Les transporteurs routiers italiens flairent déjà leur chance et comptent sur une augmentation des transports. Les déclarations du président des compagnies de transport italiennes Thomas Baumgartner, directeur général jusqu’au changement générationnel en 2017 et encore propriétaire de l’importante entreprise de logistique FERCAM basée à Bolzano (Tyrol du Sud), montrent combien cela sera fatal pour les Alpes. Il revendique publiquement la modification du protocole des transports de la Convention alpine internationale, signé il y a 20 ans en faveur de la protection des Alpes : « Si nous voulons mettre une plateforme de logistique en place depuis l’Italie, nous devons repenser radicalement le protocole des transports de la Convention alpine », a-t-il déclaré. Ce qui signifie que les routes et l’infrastructure dans l’espace alpin en général devront être développées rapidement.

Le train ne résout pas tout

Certes, on constate que les opérateurs portuaires italiens comptent favoriser le chemin de fer comme moyen de transport. APM Terminals par exemple, l’opératrice de Vado Gateway et filiale de la plus importante compagnie de transport de conteneurs mondiale Maersk, planifie de transporter et de recevoir 40 % des conteneurs par le rail. L’Italie est déjà en train de construire la ligne ferroviaire de base Terzo Valico, longue de 53 kilomètres, qui reliera la région de Gênes, vers le nord, aux principaux terminaux de l’arrière-pays et à la NLFA. La mise en exploitation est prévue pour 2023. « Les voies d’accès à nos tunnels alpins du nord de l’Italie seront bientôt meilleures que celles du nord de la Suisse et offriront plus de capacité et de fiabilité que l’axe rhénan », ajoute Kurt Metz. De ce point de vue, le projet de grand terminal Gateway Bâle Nord est également surdimensionné. Le tunnel de base du Brenner ne sera terminé qu’en 2028 : deux millions de véhicules le traversent chaque année, c’est le passage alpin le plus fréquenté par les camions.

Que fera-t-on donc de toutes ces marchandises ? Le rail ne suffira pas à absorber les quantités inquiétantes car il atteindra lui aussi ses limites. C’est à la politique d’agir et pour cela, nous devrons insister sur notre stratégie : éviter les transports, les transférer au rail et les rendre plus supportables. Cette politique uniquement permettra de protéger les Alpes d’une nouvelle déferlante de trafic. Et c’est exactement ce à quoi nous devons œuvrer de toutes nos forces.

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